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Abbaye Saint-Sauveur de Charroux | ||
La Tour Charlemagne vue depuis l'glise | ||
Prsentation | ||
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Type | Abbaye | |
Dbut de la construction | xie sicle | |
Style dominant | romane | |
Protection | Monument historique | |
Gographie | ||
Pays | France | |
Rgion | Poitou-Charentes | |
Dpartement | Vienne | |
Commune | Charroux | |
Coordonnes | 1 | |
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L'abbaye Saint-Sauveur de Charroux, bndictine, fonde au viiie sicle et en ruine de nos jours, est Charroux, dans le dpartement de la Vienne et la rgion Poitou-Charentes
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C'est une abbaye bndictine. Elle a t fonde en 784 ou 785, par le comte Roger de Limoges2[rf. incomplte]et sa femme Euphrasie d'Auvergne, sous la protection de Charlemagne. Le comte donna la toute nouvelle abbaye des biens se trouvant dans le Poitou, le Limousin, le Prigord et en Auvergne.
La nouvelle abbaye a, de plus, trs vite bnfici des libralits des souverains carolingiens l'instar des abbayes de Saint-Maixent, Nouaill, Saint-Jean-d'Angly, Saint-Cyprien de Poitiers ou Saint-Cybard d'Angoulme.
Son abb exerait, par ailleurs, un rel pouvoir politique.
Dote de livres, objets rares et luxueux, elle devint aussi et surtout un centre de foi et de culture important. En deux sicles, l'abbaye Saint-Sauveur devint un centre religieux principal de la chrtient accueillant quatre conciles, dont le premier en 989,le concile de Charroux, runi sous le patronage du duc d’Aquitaine et comte de Poitiers Guillaume IV instaura la paix de Dieu.
La prsence importante de reliques en fit, aussi, un haut lieu de plerinage. Les plus illustres tant une relique de la vraie Croix, don attribu l'empereur Charlemagne, et le Saint Prpuce, voquant la Circoncision de Jsus, qui aurait t acquis de faon miraculeuse. En Poitou, l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers avait dj acquis une relique de la vraie Croix remise sa fondatrice, Sainte Radegonde en 567 par l'empereur de Constantinople.
L'abbaye a accueilli ds 830 plus de 80 moines.
Des premiers btiments, il ne reste quasiment rien; deux chapiteaux sont conservs Charroux et, au muse de Poitiers, un fragment de l'inscription funraire de Juste, abb de Charroux vers 817. Ces deux chapiteaux ont un dcor sculpt en triangle. Le motif d'entrelacs suggre une comparaison avec l'enluminure carolingienne. Il est l'une des composantes du courant artistique franco-saxon du ixe sicle.
partir de 1017, l'abb Geoffroy ordonna d'importants travaux. En effet, autour de l'an 1000, les guerres entre les seigneurs poitevins, les pillages et les incendies ont chass les moines plusieurs reprises.
Toutefois, une fatalit nfaste s'abattit sur l'abbaye : plusieurs incendies dtruisirent les constructions neuves. Une premire conscration a lieu en 1028 et une autre en 1047. En 1048, un nouvel incendie ravagea le sanctuaire.
En 1082, l'abbaye est reconstruite. Centre de cration artistique, l'difice adopte de nouveaux modes de construction : piles quadrilobes, nef collatraux percs de hautes fentres, votes en pierre, tout en conservant certains archasmes issus de l'architecture carolingienne : clocher-porche, absides pans coups. Ce fut l'une des plus grandes glises de la chrtient (114 mtres de long).
En 1096, Charroux accueillera le pape Urbain II qui consacra un nouvel autel, appel autel majeur. Cet autel est situ au-dessus de la crypte, au centre de la rotonde. Il est clair par la tour-lanterne. Urbain II a garanti aussi les droits de proprit de l'abbaye contre ceux des comtes et des vques. L'abbaye de Charroux obtint aussi l'immunit, le libre choix de son abb, l'inviolabilit de ses proprits, la libre administration de l'abbaye et de ses biens.
C'est la fin du xie sicle et au dbut du xiie, que l'abbaye Saint-Sauveur connait l'apoge de sa puissance. Elle possde 96 glises dans 16 diocses en France, en Angleterre et dans les Flandres. Des ducs et des comtes viennent rendre visite ou laissent leurs enfants pour y tre levs. Les rois de France comme Philippe Ier ou d'Angleterre comme Henri Ier viendront y sjourner.
Le xiiie sicle voit l'abbaye continuer s'agrandir. En 1269, un portail gothique est construit sur la faade ouest de l'abbatiale. C'est un triple portail qui correspond la triple nef. Un porche surmont d'un clocher et de deux clochetons le protge.
Ds le dbut de la guerre de Cent Ans3, l'abbaye rencontre des difficults. Les chapes, les calices, les livres et les archives sont mis l'abri Poitiers pour chapper aux destructions des Anglo-Gascons. Mais Poitiers est prise en 1345. En 1385, il ne reste plus que 40 moines. La dsertification de l'abbaye continue au cours de cette priode trouble. Les revenus de l'ensemble des possessions tant au plus bas, les 20 derniers moines sont contraints de se retirer chez leurs parents ou amis. L'abbaye est incendie en 1422.
En 1444, Jean Chaperon est nomm abb et va relever l'abbaye pendant son abbatiat qui dura 30 ans. Le chteau Mauprvoir devient la rsidence habituelle de l'abb. En 1471, 152 glises de 11 diocses, 60 prieurs et 3 abbayes filles (celles de Ham, d'Issoire, et d'Andres) sont du ressort de Saint-Sauveur.
la mort de Jean Chaperon en 1474, la situation de l'abbaye apparat restaure. la mmoire de Charlemagne, Louis XI confirma sa protection royale et les privilges de l'abbaye par ses lettres patentes en 14764. Toutefois, avec l'instauration de la commende au xvie sicle, l'abbaye va entrer dans une longue agonie.
Malgr des revenus encore importants, l'abbaye sombre dans la dchance comme tant d'autres abbayes poitevines la mme poque. Des vols dont celui du trsor ont lieu. Les mauvaises gestions des abbs commendataires se succdent, qui ne vivent plus dans l'abbaye mais la Cour des rois de France. Les cloches sont fondues, le mobilier liturgique luxueux est vendu, les rparations sont ngliges.
partir de 1561, cause des guerres de religion, les moines ne se runissent plus en chapitre. Trois fois (1562, 1569 et 1587)3, dont une fois par Roger de Carbonnires2, l'abbaye est pille et saccage. Aprs 1580, les moines ne sont plus qu'une dizaine et ne peuvent plus se loger dans l'abbaye.
Le brevet du roi Louis XV en 1760 annonce la fin de l'abbaye. Le 1er avril 1762, une bulle de pape Clment XIII officialise la fermeture de l'abbaye et le rattachement de ses biens Saint-Julien de Brioude. Le Parlement du royaume de France enregistre cette fermeture dfinitive en 1780.
Quand elle est vendue comme bien national en 1790 la nef et l'glise sont en ruine. Elle est vendue en cinq lots et utilise comme carrire5. L'un des lots, comprenant la tour octogonal et le clotre, est rachet par l'abb Charles Loiseau de Grandmaison (1740-1797) alors cur de Surin.
Si, au cours de ce dbut du xixe sicle, le reste des btiments a t transform en carrire pierre, (on retrouve des pierres tailles dans tous les hameaux autour de Charroux), la famille de Loiseau de Grandmaison rsista aux menaces des municipalits qui entendaient dmolir le monument, soit pour agrandir le champ de foire, soit parce qu'il constituait, disait-on, un danger public.
La Socit des antiquaires de l'Ouest cre en 1834, Charles de Cherge son prsident et Prosper Mrime intervinrent pour la conservation du monument. La tour-lanterne est classe aux Monuments Historiques en 1846, des fragments du portail gothique (37 statues) sont rapatris et sont toujours en place dans la salle capitulaire.
Les restes de la chapelle sud du chur de l'glise abbatiale sont classs comme Monument Historique depuis 1945. Les immeubles btis et non btis situs sur le territoire de l'ancienne abbaye sont inscrits comme Monuments Historiques depuis 1950 et l'ensemble des vestiges est class depuis 1950.
Abbs commendataires :
Le plan trs original de l'abbatiale Saint-Sauveur qui intgre une vaste rotonde entre le chur et la nef en fait une citation de l’glise du Saint-Spulcre de Jrusalem7.
C'est donc une rotonde avec trois dambulatoires qui entourait la tour. An nord et au sud, deux chapelles tenaient lieu de transept. l'est, le chur tait rserv aux moines et vers l'ouest une nef flanque de collatraux se terminait par une imposante faade. Sous la tour tait creuse une crypte que surmontait l'autel principal.
Plusieurs difices religieux avaient la mme poque choisi cette formule qui assumait une fonction funraire (btie au-dessus d'une crypte) et symbolisait la Rsurrection. La prsence des reliques de la vraie Croix pourrait avoir motiv ce parti pris architectural.
Dijon, l'abbatiale, difie au xie sicle par Guillaume de Volpiano, prsente aussi une rotonde trois tages compose de trois dambulatoires colonnes monolithiques autour d'une partie centrale ouverte sur toute la hauteur.
Dans le dpartement de la Vienne, l'Octogone de la Maison-Dieu de Montmorillon s'inscrit dans cette famille d'difices dont il traduit clairement la valeur symbolique puisqu'il se situait au centre du cimetire de cette ancienne maison de charit, fonde par un plerin au retour de Jrusalem. La salle basse servait d'ossuaire et la salle haute de chapelle.
Le plan centr est hrit de celui des mausoles antiques. Il est d'usage courant en architecture funraire, notamment pour le martyrium, difice destin conserver les reliques d'un saint martyr. Sa forme globalement circulaire symbolise la vie ternelle et facilite la runion et le recueillement de l'assemble des fidles autour du tombeau.
Il ne reste que la tour-lanterne du xie sicle, dite tour Charlemagne, centre de la rotonde de l'glise abbatiale.
Elle fait 12 mtres de diamtre et 37 mtres de hauteur. Son plan est octogonal. La partie basse est constitue de huit piles quadrilobes relies entre elles, mi-hauteur par une srie d'arcs en plein-cintre qui supportent les arcatures suprieures. L'lvation montre deux premiers niveaux d'arcades qui se trouvaient l'origine l'intrieur de l'glise. Le bandeau de moellons signale l'appui de la vote. La lumire entrait par les fentres hautes et clairait l'autel, d'o son nom de tour-lanterne.
L'autel majeur tait plac au centre, juste au-dessus de la crypte o taient exposes les reliques. L'accs celle-ci se faisait par un escalier situ au nord-est. Une trs belle dalle sculpte, engage dans un mur, est orne de deux oiseaux presque en rond-bosse les montrant en train de boire dans un calice.
Le dcor sculpt prend place sur les chapiteaux des colonnes. Au premier niveau, les chapiteaux composs de deux pices superposes lies au mortier, font partie de la srie d'un atelier ou d'une cole dit " feuilles grasses" dont la plus ancienne manifestation se reconnait dans la crypte de l'abbatiale de Saint-Maixent. Son rayonnement s'est exerc pendant les annes 1060-1080 sur les difices tels l' glise Saint-Hilaire le Grand de Poitiers et l'abbaye Saint-Sauveur de Charroux. Les caractristiques de cet atelier se dclent galement en Berry et en Normandie, jusqu'en Italie et en Espagne. Le muse Sainte-Croix de Poitiers conserve des exemplaires provenant de Saint-Hilaire ou de Saint-Nicolas de Poitiers. Sur les 16 chapiteaux des arcades, 14 comportent ce motif cr partir de tiges entrelaces et de ce "feuillage gras" s'panouissant dans les angles. En cela, le dcor est trs diffrent des feuilles d'acanthe antiques et marque son originalit. Charroux, deux chapiteaux prsentent, sur la pierre suprieur, un dcor de lions dont les ttes forment la volute d'angle. Les btes sont disposes par couple. Un fauve sur deux prsente une crinire ce qui peut tre une faon de distinguer un mle d'une femelle. Le roi des animaux est le gardien du Temple et il est aussi parfois le symbole du Christ (Le Christ est appel " Lion de la tribu de Juda" Ap 5,5). Il est le premier animal figurer dans le bestiaire roman poitevin.
Aux tages, les chapiteaux ont des corbeilles lisses, autrefois peintes, volutes d'angle.
Elle a un triple dambulatoire. L'amnagement d'un tel espace permettait d'accueillir les plerins et de les laisser circuler devant les reliques et les autels mineurs sans perturber d'ventuelles crmonies ou recueillement des moines.
50 70 chapiteaux dcoraient autrefois le dambulatoire. Ils datent du troisime quart du xiie sicle. Le mur du chur des moines en a conserv. Deux ont t remploys dans une maison du bourg de Charroux et deux autres sont dposs dans la salle capitulaire. Ils sont dcors de feuillages simples et souples. Ils sont de la mme famille que ceux du dambulatoire de l'abbaye de Saint-Savin sur Gartempe et de l'glise Sainte-Radegonde de Poitiers. Ils tmoignent, donc, de liens artistiques entre Charroux, Saint-Savin sur Gartempe ou Poitiers.
Trois portails gothiques avaient t placs en 1269 en avant de la faade romane. Les sculptures de parties des portails qui ont t conserves reprsentent le sommet de la sculpture gothique poitevine. Une lithographie de 1822 par Thiollet donne un aperu : vierges folles et vierges sages, saints, prophtes, aptres, anges. Le portail tait sculpt du jugement dernier.
Des lments du portail sont prsents dans la salle capitulaire.
Le ralisme des visages et des draps rvle l'habilet des sculpteurs ayant uvr sur le chantier de la Sainte-Chapelle de Paris.
Le Christ du Jugement Dernier, assis sur un banc ouvrag, ornait le centre du tympan de l'entre de l'glise.
Des religieux portant la mitre et des rois couronns ainsi que des cls de voute sont les seuls tmoignage du dcor des deux voussures suprieures du portail.
Ils se trouvent au sud, dans le prolongement de bras du transept.
Un lgant portail conduit vers l'ancien clotre dont il subsiste le plan gnral, soulign par des piliers et des arcs gothiques.
La salle capitulaire, un passage couvert puis une salle quatre croises d'ogives qui reposent sur un pilier central, se font suite. Cet ensemble est duxiiie sicle.
La salle capitulaire a t refaite sous l'abb Jean Chaperon avec huit traves d'ogives et une porte gothique flamboyant donnant dans l'glise romane. Elle est du xve sicle. Elle est voute de six croises d'ogives gothiques.
C'est le lieu o les moines organisaient la vie quotidienne de l'abbaye, aprs avoir lu un chapitre de la rgle de saint Benot.
La plaque au sol indique l'emplacement des 13 tombeaux de religieux dcouverts lors des fouilles archologiques de 1949.
Cette salle prsente des pierres sculptes notamment de beaux lments de voussures ; aptres, vanglistes, vierges folles et vierges sages. Le chapiteau ttramorphe proviendrait de l'ancien clotre roman et les chapiteaux du ixe sicle de l'glise carolingienne.
Les vierges sages et les vierges folles sont un lment d'une parabole trs sculpte au Moyen Age (voir l'glise Saint-Nicolas de Civray). Le Christ - l'poux - est reprsent entour, gauche des cinq vierges sages et droite des cinq vierges folles. Cette parabole est rapporte dans l'vangile de Saint-Matthieu. Les vierges sages symbolisent les lus. Les vierges folles reprsentent les damns. L'poux figure le Christ. Le Jugement Dernier est associ cette parabole qui se retrouvera souvent, aussi, sur les cathdrales gothiques comme Strasbourg.
Le cercueil de plomb a t dcouvert dans le transept sud de l'glise en 1989.
Le trsor, qui donne son nom la salle, est compos de reliquaires. Ils sont exposs dans une vitrine. La plus belle pice, le reliquaire aux anges, est une boite carre en argent dor, porte par un pied. Sur le revers des volets, sont reprsents le Christ et deux moines en prire. Au dos se trouvent des fleurs de lys et des petits chteaux. Il s'agirait de l'emblme de Blanche de Castille (1188-1252), la mre du roi de France Saint-Louis (1214-1270). Le reliquaire pourrait, donc, tre une commande royale.
Les reliquaires sont ports en procession, dans les rues de Charroux, lors des ostensions, tous les sept ans.
C'est une salle aux belles croises d'ogives. Elle servit de chapelle au xixe sicle, d'o la prsence d'un autel. Cette pice, la seule qui soit chauffe, servait de salle pour les travaux d'criture des moines, en l'absence d'un scriptorium.
Sur un des murs, une petite sculpture reprsente deux oiseaux poss de chaque cot d'un feuillage.
La prosprit et le renom de l’abbaye tenait en grande partie son trsor de reliques, constitu ds la fondation de l’abbaye, selon la lgende.
Ainsi, c’est Charlemagne qui lui offre ses premires reliques, dont douze morceaux de la Vraie Croix8 ; il les avait reus du patriarche de Jrusalem, et les missaires de celui-ci taient accompagns de reprsentants du roi de Perse. Cette accumulation de dignitaires garantissait l’authenticit des reliques3.
Avec l’ouverture des Lieux Saints au xie sicle, les reliques se multiplient, et leur nombre et leur nouveaut ternissent l’clat des anciennes. En 1082, les moines de Charroux inventent une relique originale, la Sainte Vertu3,8. Mal dfinie au dpart, elle est identifie avec le Saint Prpuce, le prpuce du Christ, par les papes Clment VII et Alexandre V8. Cette relique spectaculaire tait accompagne de sang frais3. En 1422, une relique (peut-tre la mme) est appele Saint Vu8.
La dcouverte des reliquaires en 1856 dclencha la reprise des ostensions qui ont lieu tous les sept ans, le jour de la Fte Dieu. Elles ont eu lieu en 1988, 1995, 2002 et 2009.